lundi 4 mai 2015

L'UE et la liberté de la presse


L'UNESCO, tous les 3 mai fête la journée de la libertée de la presse.

Journalistes tués en 2014
Donc pour rappel, neuf journalistes ont été tué en Ukraine en 2014 et déjà quatre autres en 2015. N'oubliez pas non plus le site de délation plébiscité par le gouvernement de l'Ukraine Kievienne et où Oles Bouzina se trouvait au "purgatoire" donc dans la liste à abattre ! Ainsi l'Ukraine est devenu le pays où la pluralité des opinions, et l'indépendance des médias ne sont même plus une idée. A l'occasion de la journée de la liberté de la presse promu par l'UNESCO,  l'habitude est que le haut représentant  de l'Union Européenne aux affaires étrangères fassent une déclaration. Si sans surprise, on ne parle pas de la situation déplorable des médias à l'intérieur de l'UE (on n'a pas encore vu de dictature se dénoncer), on s'attendait, naïvement, pour le moins à une allusion à la situation ukrainienne.

Et donc, à cette occasion, voyons ce qu'a déclaré Federica Mogherini, l'ex vice présidente de la fondazione Italia USA (qu'elle représentait lorsqu'elle rendait visite à l'otan). D'ailleurs, pourquoi sur la page d'accueil de la fondation Italia USA, il n'y a que des drapeaux des Etats-Unis ? Une fondation qui dit promouvoir  la coopération entre deux pays devrait au minimum présenter les deux drapeaux sur la page d'accueil de son site, non ? A moins qu'un des deux pays soit (considéré comme) une colonie.
Donc Mogherini, remplaçante de Catherine Ashton, et qui s'est vu renforcée il y a peu par Michel Barnier, (c'est dire si on a confiance en elle au sein des institutions), bref Federica Mogherini s'est pliée à l'exercice de se fendre d'une déclaration de complaisance pour cet événement :
"Aujourd'hui, nous célébrons la Journée mondiale de la liberté de la presse UNESCO. Des médias libres, diversifiés et indépendants sont essentiels dans toute société démocratique..."
On va donc commencer par rappeler le récent sondage sur l'opinion de la presse dans quelques pays de l'UE car pour Mogherini, comme pour la commission européenne, il n'est pas ici question de remettre en doute cela. Donc le sondage est réalisé par un institut anglais et voici les résultats o combien évocateur ! 54% des européens ne croient pas leur journaux sur le traitement de la crise en Ukraine ! Cela pose un certains problème le libertés des médias, d'indépendance et de pluralisme, mais bien évidemment ce n'est pas la question du jour ..


Venons-en directement à la fin de la déclaration. Je note simplement que la déclaration est très générale et ne parle de rien de précis géographiquement. Elle se termine comme cela: 
" l'UE est déterminée à continuer à utiliser tous les instruments financiers externes appropriés de l'UE afin de mieux protéger et promouvoir la liberté d'opinion et d'expression et pour soutenir la liberté des médias et le pluralisme."
Voilà l'indice pour trouver un élément géographique et d'ailleurs en tant que commissaire aux affaires extérieures c'est plutôt normal. Elle parle de moyens de financement externe. Ceux qui arrivent notamment en Ukraine. On ne va pas maintenant faire la liste de ces financements, mais mis en application en Ukraine cette phrase est un soutien continu au gouvernement  kievien qui reçoit déjà de l'argent de l'ue qui permet de continuer la guerre et  l'otan fournit en munition les milices. Voilà tout ce qu'on a eu dans la déclaration pour s’imaginer qu'on parlât de l'Ukraine alors que concernant la situation en Ukraine, l’odieux meurtre de Oles Bouzina vient à peine d'être perpétré. Les journaux qui ne soutiennent pas la guerre civile sont pris à parti. Et il y a tout juste deux jours, le journaliste d'investigation, l'Italien Franco Fracassi, a été mis en garde à vue à la descente de l'avion à Kiev. Il a été ensuite renvoyé dans son pays, en effet il écrit des articles qui ne plaisent pas aux autorités kieviennes ! On eut cru, encore naïvement, qu'en tant que compatriote, la Mogherini eut pu en dire un mot. 
C'est vrai j'en demande trop, c'est une déclaration générale, à quoi bon parler d'un pays frontalier de l'UE où sévit une guerre civile lorsque le journalisme est mis à mal dans le monde entier.

Comparons néanmoins à la déclaration de l'année dernière pour la même occasion. Voici le début, quasi identique à cette année :
 "À l'occasion du vingt et unième anniversaire de la Journée mondiale de la liberté de la presse, l'UE réaffirme qu'une pluralité de médias libres et indépendants constitue l'une des pierres angulaires d'une société démocratique en ce qu'elle facilite la libre circulation des informations et des idées et garantit la transparence et l'obligation de rendre des comptes."
Ici, on se gargarise du toujours même pieu mensonge. Nous savons bien que la diversité des médias en France n'existe pas. Je tiens à saluer l'initiative de Ruptures qui a besoin d'abonnés pour pouvoir s’agrandir. Je remarque tout de même que malgré les phrases générales et insipides, et malgré que la trame de la déclaration est la même, il  manque un paragraphe cette année qui était dans la déclaration de Lady Ashton . C'est celui-ci:

"L'UE invite tous les gouvernements à respecter les normes internationales et à mettre fin aux actes d'intimidation, de harcèlement et de censure et à la détention arbitraire dont sont victimes les journalistes, ainsi qu'à l'impunité. Les efforts visant à protéger les journalistes ne devraient pas se limiter à ceux qui portent officiellement ce titre, mais devraient aussi englober le personnel de soutien et d'autres personnes qui utilisent les nouveaux médias pour toucher un large public."
Cette année il est remplacé par :

"L'UE rend hommage à ces journalistes et les acteurs des médias qui ont perdu leur vie, été emprisonnés ou autrement subi les conséquences injustes pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression. Nous réaffirmons notre engagement à promouvoir et à protéger la liberté d'expression et la liberté des médias du monde entier, et de continuer à promouvoir la sécurité des journalistes et autres travailleurs des médias."

On transforme la responsabilité des gouvernement en un hommage aux morts. Déjà Catherine Ashton n'était qu'une caricature de diplomate mise là pour ne pouvoir faire d'ombre à quiconque mais à présent, on passe de la version allégée en sucre à la version à l'aspartame.
En 2011 on a eu tout de même droit à un petit :
 "Comme l'illustre l'actualité récente dans les pays voisins de l'UE..."
Mais cette année rien du tout. Et puis vous vous rendez compte si Mogherini avait dit cela, alors que même une robe Vuitton sur le magazine Elle peut être jugée anti unité de l'Ukraine dans les yeux de ces néo-fascistes ? D'ailleurs la commission a-t-elle fait un communiqué sur la mort d'Oles Bouzina ? Je n'en ai pas trouvé.
Encore une fois, et ça n'aura échappé à personne, l'UE ne fait des déclarations qu'en se laissant porter par le vent, elle ne pense qu'à une chose: ne pas sombrer. Quelle déclaration plus pertinente aurait pu faire Mogherini sans froisser quiconque au sein de l'UE ? Aucune! Quelque soit la position que Mogherini aurait prise, elle se serait confronté à des vision différentes des gouvernements au sein de l'UE et risquait de précipiter encore plus rapidement dans le gouffre cet édifice sans fondation qu'est l'union européenne. L'UE prouve par là qu'elle n'est pas un gage de paix. Tout simplement parce que l'UE politique n'existe pas. Elle ne pourra pas exister sans se confronter aux réalités des nations qui qui la compose et qui finiront par avoir sa peau.


Gigi Houille

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